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Channel: Romans policiers/ thrillers – Enlivrons-nous, le blog d'Emily
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Orages ordinaires, William Boyd

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Le hasard, cela peut détruire une vie. Il suffit d’être là, au mauvais endroit, au mauvais moment, pour que votre vie bascule : William Boyd nous le montre avec brio dans Orages ordinaires, sélectionné par la médiathèque Anne Fontaine d’Antony (92) pour concourir au grand prix des lecteurs de la médiathèque.

Disparaître...

Adam Kindred, fraichement débarqué des Etats-Unis, redécouvre Londres, où il postule à un poste de climatologue. Une erreur de jugement a fait basculer sa vie bien rangée de professeur dans une université américaine : il est loin de se douter que tout son monde va  brutalement changer le jour où il décide de ramener un dossier à un inconnu qui l’avait oublié dans le restaurant où ils déjeunaient. Mais Adam n’arrive dans l’appartement du Dr Wang, le fameux inconnu, que pour le voir expirer, poignardé. Rapidement accusé du meurtre, en fuite,  Adam doit renoncer à son identité et son confort pour préserver sa liberté, et sa vie. Poursuivi à la fois par la police, et par un tueur à gages, il plonge dans les bas-fonds de Londres et disparait…

Que ferions-nous à la place de ce pauvre Adam, que les circonstances les plus extraordinaires désignent comme l’assassin d’un éminent médecin ? Nous n’aurions probablement pas le courage de disparaître afin de mener l’enquête, comme il le fait. Adam, climatologue aisé, découvre subitement l’envers du décor : les nuits dehors, la mendicité, la crasse, l’insécurité. Heureusement pour lui, il est intelligent, et fait les bonnes rencontres. Le hasard qui a tant œuvré contre lui le met sur le chemin de personnes à la fois inventives et généreuses. C’est une véritable aventure humaine pour Adam qui expérimente la vie de sans-papiers et de clochard.

Evidemment, c’est également une course poursuite haletante : Adam est traqué par Jonjo Case, un militaire particulièrement hargneux. Trahi par les uns, caché par les autres, Adam doit sans cesse surveiller ses arrières, tout en essayant de révéler la vérité sur l’assassinat du Dr Wang, et sur le groupe pharmaceutique pour lequel il travaillait. Tout commence comme un polar comme les autres,  mais William Boyd parvient à donner vie à ses personnages, qui gagnent en humanité grâce à des petites touches : ainsi, le tueur à gages est préoccupé par la santé de son chien. Adam, lui, est un personnage assez sympathique : mais il est loin d’être parfait. Ce que l’on devine de son passé n’en fait pas un saint, mais un homme qui peut commettre des erreurs de jugement et se laisser guider par ses pulsions. Ce qu’il fait pour survivre dans la rue n’est pas toujours louable : il fait même une ou deux choses vraiment révoltantes. Aurait-il laissé ses scrupules au vestiaire en même temps que son identité de climatologue aisé ? Non, mais il a appris la morale de la rue : pour survivre, il faut parfois mal agir, mais l’important, c’est de parvenir à vivre un jour de plus. La façon dont Adam disparait est assez fascinante. C’est, plus que l’intrigue policière en elle-même, ce qui m’a plu dans ce livre, dans lequel j’ai eu un peu de mal à rentrer mais que je n’ai pu lâcher une fois que j’ai dépassé les cent premières pages.


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